dimanche 5 mai 2013

Les tribulations d'une cliente Franprix, ou, la phobie des vieilles bonnes femmes.


Les tribulations d'une cliente Franprix

Nous avons tous été envouté par "les tribulations d'une caissiere". Ces histoires presque surréalistes de la vie d'une caissière de grande surface et de ce qu'elle doit endurer comme méchancetés, injustices et mauvaises humeurs des clients et du personnels gérants. (Achetez le livre d’Anna Sam en cliquant sur ce lien.)

Aujourd’hui je vous propose de découvrir l’envers de la médaille. Les tribulations d’une cliente mais pas de n’importe quel magasin….Dans ma ville le seul commerce accessible à pieds c'est Franprix. Ensuite nous avons Intermarché mais il faut y aller en voiture ou bus. Et plus loin nous trouvons tout ce que la grande consommation peut nous offrir. Cora, Auchan, Leclerc, Lidl, Leaderprice. Il y en a pour tous les portes-monnaies. Franprix, dans MA ville, attire une population on ne peut plus bizarre.

A chaque fois que je m'y rends,....il m'arrive des aventures avec des vieilles bonnes femmes. En général elles ont les cheveux bleus. Tellement décolorés par les mauvaises teintures que leurs cheveux soit disant grisés sont en réalité devenus totalement bleus. La rencontre avec ces vieilles bonnes femmes est donc, bien avant d'être verbale, étrange de part le visuel. Cette soit disant couleur pourrait donc laisser croire qu'elles font un minimum pour soigner leurs apparences. Pourtant leurs cheveux ne sont en général pas du tout coiffés. Elles ont ce look que les jeunes d'aujourd'hui peinent à avoir en se mettant du gel ultra fort (force 6) en imitant le look: sortie de lit. Une mèche en l'air, l'autre a gauche et la prochaine vers la droite chevauchant les deux premières. Et bien mes vieilles du Franprix, elles ont le look naturellement sorti du lit, sans le gel, et sans même le faire exprès.... ou si... je n'ai toujours pas compris ce concept. Ce qui les rends encore plus effrayantes c'est quand on les croise de dos. Là, le visuel capillaire fait limite peur. La brosse à cheveux n'atteignant jamais l'arrière de la tête, les cheveux sont aplatis par le contact du matelas, laissant apparaitre le crane chevelu en un point précis et en  poussant les vieux fils bleus tout autour de la rustine à l'image d'un cratère. En général, lorsque je me trouve derrière un phénomène de ce genre, je fais demi tour à pas de velours et fait mes courses en sens inverse. J'évite la confrontation de face.
Leurs tenues vestimentaires sont tout autant déroutantes que leurs cheveux. Elles sont très souvent vêtues d'un tablier fleuri ou à carreaux et d'une veste en vieilles mailles abimées. Qu'il pleuve, vente, fasse 43 degrés à l'ombre l'été ou -17°C en plein hiver. Le vieux gilet en mailles semble être leur deuxième "vieille" peau. (Le tablier, n’en parlons pas…. Je n’ai jamais compris le tablier…)

Ces vieilles bonnes femmes me font peur. Elles sont étranges. Souvent, elle sont méchantes. Et c'est ca qui me chagrine.

Un jour, enceinte, en plein été, j'ai voulu aller chercher une bouteille de coca dans un rayon très étroit ou le personnel avait décidé de placer un réfrigérateur qui gênait clairement le passage avec ou sans cadis. Mon ventre était bien rond. Mon taux de sucre devait frôler le néant et il était vital que je m'enfile en moins de 15 secondes une bouteille de coca très fraîche. Je me suis donc rendue d'un pied ferme vers ce fameux frigo. Et la chance m'a sourit. Le rayon était vide. Aucun obstacle en vue entre la porte du frigo et moi. J'y vais, j'ouvre la porte, prend mon coca, l'ouvre et boit les premières gorgées comme si c'était ma dernière chance. Ahhhhhhhhhh, la pause coca! Vous vous rappelez la publicité coca cola light break? avec ces femmes au bureau par un chaud après midi d'été s'agglutinant devant la fenêtre de l'open space pour regarder le laveur de carreaux torse nu aussi beau qu'un Apollo? Et ben mon coca il m'a fait cet effet , pfffffiiiiou décoiffant cet apport de sucre! Sauf que ce qui m'a fait revenir sur terre n'a pas été l'appel du travail, mais une engueulade venue de nulle part... ou si, de derrière le frigo. UNE VIEILLE BONNE FEMME!!!! Elle m'a hurlé dessus d'un coup. Et ses propos étaient incompréhensibles. Au début ca m'a fait limite rigolé. Cette vieille bonne femme m'a accusé d'une manière très  virulente d'être une malpropre, une mal polie, une agression pour la société parce que je ne la laissais pas passer! Mais il n'y avait personne! Je ne l'ai pas vu arriver. Je ne l'ai pas entendu, elle n'était réellement pas là. Et comme en buvant mon coca j'étais dos au frigo les yeux fermés, je ne l'ai donc pas vu arriver. Conclusion, elle est arrivée après moi!!!! Et voilà qu'elle continue à me hurler dessus. Le pire c'est qu'à ce moment là, les gens sont venus regarder ce qu'il se passait...Moi je me suis d'abord sentie mal à l’aise, comme une voleuse, à consommer quelque chose que je n'ai pas encore payé,... mais bon ma grossesse me pardonnait pensais-je bien.... ensuite  je me suis sentie réellement agressée. C'est venu lentement mais surement.... Les gens lui demandent ce que j'avais fait. Je n'avais pas encore dit un mot. Rien. Wallou, nada niet... Rien! Elle affirme à la moitié de la clientèle du magasin maintenant présente, que je lui avais barré la route de manière violente. Tant bien que mal j'essaie d'expliquer qu'elle venait d'arriver et que je ne l'avais donc pas vue puisqu'elle venait de derrière et que je ne lui avais même pas adresse la parole... Les clients du magasin s'en sont aussi pris à moi en me faisant la morale que je ne devais pas manquer de respect au plus vieux que moi.... j'hallucinais totalement. Mais ALLOOOHHH quoi (première et de dernière fois que j’utilise cette expression dans mon blog et dans la vie tout court), je n'ai pas adresse la parole a cette vieille bonne femme....pourquoi ne voulait on pas me laisser boire mon coca cola en toute illégalité???? je n'avais rien fait de mal à personne sinon à franprix en consommant un produit non acheté .... Enfin pas encore... et là au fur et à mesure des agressions verbales en tout genre je me suis pointée face à la vieille bonne femme la menaçant de mon bout du doigt quasi collé à son vieux nez véreux en lui disant: "mais fou moi la paix, et passe ton chemin VIEILLE CONNE!!!!

Rrrrroooooh qu'est ce que je n'avais pas dit là.... je me suis sentie soulagée et j'ai été régler mon coca cola a la caisse cachée dans le rayon derrière le frigo. Heureusement que la caissière me connaissait et m'a soutenue en me rassurant  que cette vieille conne, oui elle a repris mes propos, agressait régulièrement des clients du magasin. Et qu’il ne fallait vraiment pas que je m'en fasse parce que pour une fois quelqu'un avait osé la remettre en place. Ca m'a totalement déculpabilisé d'avoir été vulgaire avec une vieille bonne femme.... mais bon il y a des limites quand même non? Ce n’est pas parce qu'on est vieux qu'on a le droit à tout et n'importe quoi. Et puis d'abord, moi j'étais enceinte! Et ca aussi ca compte. Mettez ma vulgarité sur le compte de mes hormones et le tour est 'plus ou moins' joué....

Les autres vieilles bonnes femmes qui me font peur sont celles accompagnées de leurs vieux bons chiens. Elles portent en général le même habit que leurs consœurs sans chien. Et la particularité de leurs chiens c’est qu’ils sont aussi bleus que leurs moumounes…. Il m’est arrivé plusieurs fois lorsque je n’avais que mes filles de me rendre à ce même magasin et de leur permettre d’aller jouer avec le petit manège en face des caisses mis à disposition de la joie des enfants et du porte-monnaie de leurs parents, afin de rendre l’attente en caisse plus agréable. L’espace est petit. Le magasin sûr et le manège très accessible depuis les caisses. C’est le seul endroit où elles ont le droit de ne pas attendre à la caisse avec moi. Mais je ne leur donne jamais d’argent. Alors les ruades et les bruitages sont naturels. Et mes filles se dééééchainent. Elles poussent des Huu et des olé à tout va et grimpent sur le manège comme si c’était un exercice de varappe en montagne, dessus en dessous, elles se laissent glisser etc… des gosses qui se la kiff quoi, ….. Et pendant ce temps là, les cabots à poils bleus s’énervent aux pieds de moumoune qui jacasse sur la mauvaise éducation de mes enfants. Sans se soucier qu’elles parlent en très mal de mes poupées devant moi. Et vas-y que je te les compare aux chiens bleus. « Ah bah au moins moi mes bibiches elles sont plus sages que ces petites rebelles dit donc….L’éducation aujourd’hui c’est plus la même chose qu’à notre époque hein Madame ! » en s’adressant à la caissière qui me regarde gênée. Et puis la vieille en général se tourne vers moi une fois qu’elle doit payer sans me saluer et te dit : « vous pouvez me sortir les pièces, je ne suis pas habituée à l’euro et les pièces sont si petites que j’ai du mal à les attraper. Et puis avec mon âge, je ne vois pas grand-chose. » C’est mon moment préféré parce que là je peux me venger de la méchanceté des vieilles bonnes femmes. « Bonjour Madame, non je ne peux pas vous aider. Vous n’avez pas été très polie. Vous ne m’avez pas dit bonjour. Et ces enfants qui jouent sont les miens. Elles ne vous ont pas dérangée, elles jouaient c’est tout. Alors la prochaine fois vous laisserez vos chiens attachés devant le magasin comme la loi l’exige et si vous voulez de l’aide commencez par être polie et me dire bonjour.» Je souris je sors mon téléphone et je lui dis même si ca n’est pas vrai : « ah mon téléphone sonne, au revoir madame…. » Et je la laisse avec ses pièces demander de l’aide à la caissière…. Et toc !
Je n’ai vu ces vieilles bonnes femmes que dans ce magasin. Je ne sais pas d’où elles sortent mais elles y sont toujours quand j’y suis aussi. Comme des nains de jardins qui s’animent une fois la nuit tombée. Elles, elles vivent que dans le magasin et ne bougent que quand moi j’y suis….

Mais je vous rassure, il y en a aussi qui sont extrêmement gentilles. Mais au point à se demander si ca n’est pas trop exagéré. Une a carrément embrassé mon fils longuement sur la joue et puis sur l’autre parce qu’elle le trouvait beau….à la caisse du même magasin… Elle était à la caisse 2, moi à la 3. Elle est venue comme ca, sans prévenir non plus. J’ai eu envie, mais je me suis retenue, d’aller lui faire un gigantesque câlin comme si elle était ma grand-mère parce que j’ai trouvé son geste gentil. Après tout, pourquoi ne se comporter affectueusement qu’avec les enfants ou au contraire se permettre d’être fichtrement désagréable avec eux ou à leurs égards puisqu’ils ne peuvent pas se permettre de se défendre ou de demander le pourquoi du comment de l’accusation sous peine de faillir à la loi du respect des anciens…

 Je n’arrive pas à comprendre ce phénomène des vieilles bonnes femmes. J’ai peur. Je ne sais pas comment je vais tourner, bleue ou bisouteuse ? Je sais, j’ai trouvé la solution…. Je ne ferais pas mes courses dans ce magasin…..
 

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