lundi 15 octobre 2012

Liberté de mouvement


Cela fait maintenant 12 ans quej’ai mon permis de conduire. J’en suis fière. Mais je ne conduis pas. Je nesuis toujours pas à l’aise quand je fais des créneaux. Je suis connue dans moncercle d’amis comme étant le boulet au volant. Et ca, des fois ca me soule.Parce que même si je ne me sens pas à l’aise et que j’ai peur, je conduis bien etmême si je ne suis pas une flèche pour me garer, même si j’ai peur d’aller surl’autoroute, bizarrement j’aime ça conduire !

Ma mère (née en 1948) conduit.Elle s’est construire toute seule. Pour elle le permis de conduire était unenécessité absolue pour pouvoir vraiment prendre son envole et ne pas être à lacharge de qui que ce soit. Ma grand-mère (née en 1916), conduisait aussi. Je nesais pas du tout dans quelle condition elles ont eu leur permis. Ce qui est surc’est que l’époque n’est pas la même.

Moi j’ai bien du mettre 2 ans àl’avoir. 5 fois pour le code, 1 fois pour le permis. Je l’ai passé à Amsterdam.Ca veut dire : trams, vélos, taxis, touristes à vélos (ce qui n’estabsolument pas du tout la même chose que les Amstellodamois en vélos donc cacompte double), piétons, scooters et mobylettes en tous genres et voitures… Caen fait du monde sur les routes minuscules dans le centre ville.

J’ai eu deux instructeurs et unecentaine d’heures de cours. Mon premier instructeur sentait trop fort l’alcoolpour que je réussisse à lui faire confiance. Mon deuxième instructeur me disaitqu’il détestait les étudiants universitaires parce qu’à son avis, ils réfléchissenttrop à ce qu’on leur demande. Et que pour conduire il valait mieux ne pas avoird’éducation. Et être un mec. C’était mal barré. Il ne m’a donc pas appris à megarer. Pas possible selon lui, je n’aurais jamais rien compris… Le jour J,j’avais dans ma voiture un examinateur et un examinateur apprentis. Machance ! Au moment de faire les créneaux, j’ai dit aux gars :« pas nécessaire de me garer ! Si j’ai raté mon permis ce n’est pasavec un créneau que je vais me rattraper et si je l’ai réussi ce n’est pas avecun créneau que je vais le rater. Inutile de me dicter le chemin à prendre, jesais ou je suis ! ». Et dans un silence de plomb j’ai ramené mespassagers très spéciaux au centre de conduite sans faire une seule erreur… OUF…je l’ai eu au culot !

Mais à partir de ce 7 mars 2000je n’ai jamais conduis. A Amsterdam on fait tout en vélo. Ou on se déplace entransport en commun… Pas besoin de voiture. En plus étant étudiante je n’avaisni l’argent pour m’acheter une voiture, ni le besoin d’en avoir une. Jetraversais tout Amsterdam en vélo en moins d’une demi-heure… Le bonheurabsolu !

Plus tard, mariée, habitantParis, pour tout déplacement nécessitant une voiture, je demandais à mon maride m’y accompagner. Jusqu’au jour où, 5 ans après avoir eu mon papier rose, ilm’a donné les clés d’une Toyota Yaris verte un peu cabossée…. En m’encourageantà ne pas avoir peur de la cabosser plus, parce que ce qui était importantc’était moi et pas la voiture. Okey… Je n’ai osé la conduire qu’une fois aprèsque nous ayons déménagé en dehors de Paris. Paris me fait peur. Paris me rendsnerveuse. Sans compter l’autoroute. Depuis toute petite je fais le trajetParis-Amsterdam-Amsterdam-Paris en voiture. J’ai 37 ans. Je ne connais toujourspas le chemin. C’est problématique quand même. Sur le siège passager jem’endors toujours à un autre endroit de la route, donc je ne la reconnaisjamais. Je n’ai jamais conduis de longues distances et je ne conduis que leschemins répétitifs que je fais tous les jours.

Pour moi la voiture est sourced’angoisse. De liberté aussi, mais le trajet est pour moi un véritable calvaire.Pourtant j’adore la sensation de liberté que l’on peut ressentir en se déplaçantpar ses propres moyens.

Aussi en ville, dans l’intimitéde l’intérieur de ma voiture, je me transforme. Je deviens une véritable boulede nerf, le jukebox à gros mots. Je joue du klaxon comme si c’était un outilindispensable pour prendre sa place dans le trafic.  Et bien sûr, la « shkoumoune »s’abat sur moi systématiquement que je revêts cet habits de monstre au volant.J’ai tous les feux rouges, je grille le seul feu rouge a radar de la ville, mesessuies glaces se cassent juste au moment ou il y a un déluge, je crève monpneu avant droit en roulant à 50 km en plein milieu de la ville sans avoir rien fait pourqu’il ne crève… bref… tutti bene… je n’ai rien, les enfants non plus. Ce quiest important c’est nous et pas la carrosserie…

Alors je pense à ces femmes commema mère et la sienne. Au modèle qu’elles sont pour moi. J’ai dans ma familleaussi des femmes qui n’ont jamais eu leurs permis. Elles étaient dépendantes.Elles ne se sont pas épanouies tel qu’elles auraient dû le faire. Encore unefois, ca n’était pas la même époque. Et pourtant elles aussi sont des modèlespour moi. Ces femmes se sont construites du mieux qu’elles ont su faire. Elles m’ont,toutes avec leurs propres histoires, apportées un modèle. J’en ai tiré des leçonsqui m’on fait grandir.

Mais quelle leçon est-ce que mefilles vont tirer de mon comportement en voiture? La liberté de mouvementest une chose primordiale aujourd’hui. Je n’ai pas envie qu’elles attendent 25ans pour oser passer leur permis de conduire. Ni qu’elles n’osent pas conduirede longuees distances. Alors je vais me prendre en main. Je vais oser allerjusque Paris en voiture, sans avoir peur. Sans dire de gros mots. Je vais yaller et je vais être fière de moi.

 

En écrivant ce post je me suisfait un peu de peine toute seule. Je donne une image un peu décevante de mapersonne. Mais je suis persuadée de ne pas être la seule femme a ne pas oserconduire et a avoir peur au volant. Alors si toi aussi tu es froussarde,partage et dis moi comment tu gères ?

2 commentaires:

  1. Moi non, je n'ai pas peur au volant et je trouve que pouvoir conduire (surtout en habitant la brousse profonde comme moi !) est d'une grande aide et apporte un immense sentiment de liberté !!! Par contre ma mère a peur au volant... ma soeur aussi... du coup, comme toi, elles restreignent les trajets (parcours connus, sans grands axes ou grands trafic...) et sont dépendantes des autres ou des transports en commun pour le reste. Dommage, non ?... Allez, courage ! Pour tes filles, tu vas forcément y arriver !!! ;o) Mymy & Co.

    RépondreSupprimer
  2. Ahhhh, lalalalala, je donne une image pas très courageuse dit donc... Mais j'ai un très grand sens de l'aventure pourtant... J'ai grandi a Amsterdam. Une grande partie de ma vie. (Grande en souvenir et en expérience...) et j'y ai appris le gout de la liberté. Je me déplaçais en vélo. Pour aller partout. Mais alors, paaaartout! C’était le top. Avec un deux roues tu te glisses entre les trams, les taxis, les autres vélos, à travers les ruelles, sans faire de bruit tout en fendant l'air d'un air audacieux! J'ai adoré cette liberté. La liberté d'arriver en retard, parce que tu ne pouvais pas dire que tu étais dans les bouchons, sans avoir besoin de te justifier: ah ouais,... suis en retard... nonchalanceuh.... hummmmmm c'est bon la liberté.
    Mais il n'y a rien à faire. Quand il y a plus que 2 roues... je tremble...

    RépondreSupprimer

Vous avez laissé un commentaire,...merci beaucoup!!! Je vous répondrais c'est sur!