Lorsque j’avais 16 ou 17 ans j’ai eu une discussion avec mon
père. Une de ces discussions qui marque l’histoire d’un enfant. Mais
apparemment d’un parent aussi. Je ne sais plus du tout de quoi la discussion traitait
mais une petite phrase a bouleversé mon image des parents, a vie ! Et
depuis que je suis moi-même mère, je la comprends encore mieux.
Je devais certainement avoir fait ou dit une bêtise. Mon
père cherchait la meilleure manière de réagir avec moi et m’a avoué qu’un
parent devient parent au moment ou l’enfant né. Et qu’il devait réfléchir à
comment nous devions solutionner mon problème ensemble parce qu’il n’avait pas
toujours, à tout moment et dans toutes les situations, LA solution au problème
qui se posait. Logique mais avant ce moment précis, je n’y avais jamais pensé.
Un parent grandi au même rythme que l’enfant et se pose les
questions d’éducation au moment opportun. D’un coup j’ai réalisé que les
parents ne savaient pas tout. Et qu’avant d’être parent, ils ont été, eux
aussi, enfants. De cette période d’enfance guidée par leurs parents, ils ont
tiré des leçons. Ce sont ces leçons qui les guident à leur tour dans leurs désirs
d’éducation.
Le regard que je portais alors sur mon père a changé d’un
coup. Il n’a pas diminué dans l’admiration que je lui portais, mais j’ai pris
conscience alors, de la responsabilité des décisions prises par les parents.
J’ai compris que les parents pouvaient influencer la vie de leurs enfants. J’ai
aussi réalisé l’importance du libre arbitre. J’ai découvert un nouveau
pouvoir : celui de la négociation. Je pouvais commencer à donner mon avis
sur les grandes lignes de mon éducation. Faire des choix et les imposer. Quelle
révélation. (Est-ce tard 16, 17 ans pour avoir ce genre de révélation ?)
Aujourd’hui je suis de l’autre côté du problème. Je suis le
parent qui fait des choix pour l’enfant. Qui guide. Qui donne les leçons. Mais
est-ce que je fais les bons choix ? Est-ce que les leçons sont justes? Mes
enfants ont déjà leurs gouts, leurs envies, leurs préférences. Je ne prends
jamais une décision seule. Nous nous consultons toujours avec mon mari pour les
décisions d’éducation. Sur certains sujets simples, nous les laissons décider. Sur
d’autres un peu plus complexe, peut être que nous les guidons sans qu’ils ne
sans rendent compte vers les choix que nous aimerons qu’ils fassent. Sur
d’autres nous sommes intransigeants et imposons à nos enfants, les choix que nous
faisons pour eux.
La question du jour est : jusqu’à quel âge devons-nous
prendre des décisions pour nos enfants ? Comment bien les guider sur les
choix qu’ils vont devoir faire pour eux-même ? Comment réagir si ils ont
fait un choix que nous contestions et qui s’avère ne pas être le bon après
l’avoir pris ? Comment réagir si nous les avons forcés à faire un choix
qui s’avère après coup, ne pas être le bon ? Comment rattraper le coup si
nous avons mal guidé nos enfants ? Jusqu’où est-ce que nos choix doivent
les guider ? Quelle est la ligne de conduite à suivre pour ces
questions ?
J’ai conscience qu’il faut petit à petit apprendre à faire
confiance à son enfant. Le laisser prendre confiance en lui, aussi. Mais lâcher
prise est très difficile. Pour moi en tous les cas ça l’est. Je pense que c’est
de cela qu’il s’agit lorsqu’on parle de couper le cordon ombilical.
Peut-être qu’à la naissance il faudrait trouver un truc pour
que les mamans le coupent elles-mêmes ce fameux cordon. Pour que nous l’ayons
déjà physiquement fait une fois. Et que la séparation lorsque l’enfant grandit,
ne soit pas seulement intellectuelle, mais réellement vécue. Parce qu’au final,
le cordon c’est quelqu’un d’autre qui le coupe pour nous. Ce n’est pas toujours
les papas d’ailleurs. Je pense sincèrement que là se trouve une grande part de
réponse….
Toujours est-il qu’aujourd’hui en plus de mon âge j’ai celui
de mes enfants. J’essaie de me mettre dans leurs baskets pour prendre des
décisions qui soient vraiment bonnes pour eux.
J’ai hâte, aussi, d’avoir un jour cette grande discussion
avec mes enfants sur le rôle des parents et comment je le suis devenue (nous le
sommes devenus). Peut-être qu’alors ce sera mon regard sur mes enfants qui
changera, ou sur moi-même. J’ai vraiment hâte que mes enfants grandissent pour
voir quels choix ils vont faire et quelles genre de personnes ils vont devenir…
Est-ce qu’alors eux aussi me comprendrons mieux ?
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